POÈMES
À un passant
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À un passant
Glissant sur les traces de l'ombre des passants,
Rêveuse et languissante au bras d'un noble époux,
Je descendais la Grand Rue vide, l'air absent,
Suffocant dans l'air rare d'un juillet trop doux.
Je semblais heureuse, vivant avec un roi,
Belle poupée, choyée par un sieur sans tourments.
Las ! Mes jours pâlissaient en l'absence d'émoi,
De l'amour ne goûtais qu'un blême dénuement.
Mes yeux se portèrent sur l'horizon de pierre.
Un bel inconnu venait vers nous à grands pas,
Longs cheveux de nuit lâchés sous la brise altière.
Mon sang s'éveilla, échappant à son trépas.
Par hasard, un instant, nos regards se mêlèrent
Et je fus transpercée par le feu de Satan.
Ô ! Douce douleur que les cœurs dormants préfèrent !
Eau de vie distillée par un charme envoûtant !
Poursuivant la balade, nos yeux se quittaient
Déjà. À peine un regret. À peine un soupir.
Sur ma figure s'imprima fausse gaieté,
Au bras de mon bourreau, fis taire mon désir.
© Marie Fontaine