La Valse des petits rôles
Extrait d'un roman en cours d'écriture, La Valse des petits rôles...
© 2014 Marie Fontaine
À peine la porte close, son masque de sang-froid tombe dans un soupir de soulagement : elle peut enfin donner libre cours à l’émoi profond dont elle a réussi à ne rien laisser transparaître jusque-là. Elle n’est pas de bois : la séance de pose au cours de laquelle elle s’est retrouvée nue lui a échauffé les sangs. Le regard de Martine effeuillant chaque parcelle de sa peau la poursuit de ses assiduités imaginaires. Il la tord sous un désir incisif qui lui empoigne le ventre et lui mord les lèvres, la presse et la bouscule comme un amant trop impatient. Elle ferme les yeux. Adossée au lavabo pour ne pas vaciller, elle se soumet à l’empire de ses sens tourmentés. Dans le noir de ses fantasmes en huis-clos, des regards anonymes se multiplient sur sa nudité, des bouches s’entrouvrent, des mains se dressent, des voix se lèvent. On l’admire de toutes parts, on la convoite, on la veut. Elle, ne voudrait que Martine, à la fois si proche et si lointaine dans la pièce à côté, Martine qui sans le savoir se dérobe à sa faim et la rend folle de ne pouvoir encore goûter à sa tendre écorce de femme. Mais voici que ses fantômes intimes se rapprochent, la frôlent, l’assiègent d’une promesse d’apaisement. Elle lâche prise. Le feu de son imagination la précipite dans le tourbillon d’une ronde galante. Elle tangue de corps en corps, peau contre peau, moiteur contre moiteur. Des doigts s’égarent sur elle...
© 2014 Marie Fontaine
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